La réaction de Coyote est exemplaire. Mais personnellement j'aurai lâché le morceau avant.
Je suis éleveur de moutons et quand on a 350 brebis, on a obligatoirement un taux de perte "normal" dans le troupeau que ce soit des accidents, des complications, des choses qu'ont a vu trop tard, etc.
Et quand on a une meute, je n'y peux rien, mais j'admets le principe de ce même taux de perte parmi les chiens que j'emmène à la chasse même si j'espère que cela n'arrivera pas.
Quand j'avais ma meute de griffons de pays, je connaissais les origines, le caractère et le comportement de chaque chien. Mais en découplant le matin, je savais pertinemment que je ne les ramènerai pas obligatoirement tous le soir.
Des chiens butés par connards d'automobilistes qui ne ralentissaient pas malgré les panneaux de chasse en cours, ceux qu'ont m'a volé (le pire car eux je n'ai jamais pu les enterrer et en faire mon deuil), ceux qui ont été blessé et que le véto n'a pas pu récupéré, j'en passe et des pires. A chaque fois, quand je les ai enterré ou incinéré, j'en ai pleuré. J'ai repensé à tous les bons moments qu'on a eu ensemble, les défauts ou les retours relevés, enfin tout ce qui fait notre plaisir de piqueur et notre fierté de découpler nos chiens.
Il y a juste un moment où il faut savoir jusqu'où on est prêt à aller financièrement mais aussi physiquement. Un jour j'ai récupéré une chienne tapée par une voiture, le train arrière avait morflé, pour moi je l'ai emmené chez le véto sachant qu'elle ne reviendrai pas vivante. Mais il m'a renvoyé sur le cabinet central pour faire des radios. Ils m'ont persuadé qu'elle pourrait remarcher. Mais après 3 semaines de calvaire pour la chienne qui se faisait dessus, que je sortais en la portant avec une serviette sous le train arrière, et la joie qu'elle ressentait à courir (moi en fait) avec les autres chiens. Un jour, le maire de ma commune qui m'avait ramené la chienne le soir de l'accident, me demande ce qu'il en ait. Je lui explique la situation. Il me conseille d'aller voir un autre véto. Je me décide à aller voir mon ancien véto à 35 km de là, je lui explique la situation et le diagnostic de ses confrères. Il me dit franchement, "je ne peux pas vous garantir que votre chienne ne remarchera jamais, mais je ne pas vous garantir non plus qu'elle remarchera un jour. Il me dit maintenant c'est vous qui voyez, la chienne est déjà anesthésiée pour l'examen, si vous décidez de mettre fin à ses souffrances, il suffit d'une piqure". Je lui ai répondu que je ne voulais plus qu'elle souffre, il est parti préparer sa seringue, je me suis rapproché de ma chienne pour la caresser jusqu'à ce qu'il me dise que tout était fini et que la chienne ne souffrait plus. J'étais au bord des larmes (y compris en écrivant ces lignes) mais j'étais soulagé, ma chienne ne souffrait plus et j'ai pu l'enterrer en paix et en pleurant. Et je n'ai jamais regretté mon choix.
_________________ Hardi mes chiens, à coeur vaillant, rien d'impossible.
Mieux vaut 10 bons chiens pour traquer qu'un fusil ou une carabine.
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