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Les chasses d'autrefois
Nous sommes en 1971 j'ai 24 ans et la forme!
Le dimanche matin je cours avec les chiens, à 13h je prends un sandwich et à 14h je suis sur le terrain de foot, sans oublier la journée du samedi
ou j'ai parcouru le tènement de long en large à la recherche des bêtes noires.
C'est un matin d'hiver, ou la gelée blanche nous accueille au lieu de rendez vous "Pepoye" un simple champ au milieu des bois en bordure d'une piste.
Les premiers arrivant ont pris soin d'allumer un bon brasero, les voilà tous au tour du feu se racontant des histoires de .......chasses et de chiens ..bien sur,
dans leurs regards brille l'espoir d'une belle chasse, pourtant cela fait un mois que nous n'avons pas relevé le moindre pas, la moindre mousillade.
Faut dire Monsieur! qu'en ce temps là ils avaient la foi et la passion chevillées aux corps les quelques enragés qui formaient notre équipe.
Pensez! postés à l'aube ils étaient encore présents au crépuscule et capable de tuer un ragot sur le retour alors qu'il faisait juste jour.
S'arrêter à midi pour le casse croûte????????? Mé dé qu'ézaco ça? Sûrement des chasseurs d'opérette (pardonnez moi c'est le chasseur de 1971 qui parle)
La plus part du temps ce sont les postés que je rencontrais lors de ma traque qui me donnaient qui...un quignon, qui....un fruit, ou bien un coup à boire.
Fallait que je parte léger avec tout ces km à parcourir.
Le boss de l'époque "un vieillard" (il avait l'âge que j'ai aujourd'hui) ayant eu des informations sures, nous informe qu'une harde de sangliers à élu domicile
dans la Bastide
Je vois les yeux des participants s'illuminer, les visages s'orner de larges sourires, et certains se tapent même mutuellement sur les épaules,
des gamins je vous dis ...des gamins.
La Bastide et une montagne délimitée par des routes départementales, coté EST: Hérépian-Faugeres, coté NORD: Hérépian- Bédarieux, coté OUEST: Bédarieux-Faugeres.
Une sorte de grand triangle isocèle de 4 à 5 km de coté.
Aujourd'hui nous sommes nombreux 10 postés et 4 piqueurs nous allons poster les échappées et deux privilégiés au milieu du tènement, en fait deux petits cols que
les gros ragots empruntent souvent , 1h30 d'attente devant le feu avant de partir avec les chiens , depuis quelques temps le boss me prends avec lui, il me forme.
Et c'est parti, un petit quart d'heure de voiture pour arriver sur les lieux de début de traque, une ancienne voix ferrée qui traverse le territoire , à la sortie d'un tunnel
se trouve une placette ou nous laissons le véhicule (une vieille 404 plateau).
La carabine sur l'épaule et la trompe sur l'autre j'ai trois briquets de pays en laisse qui tiraillent à qui mieux mieux manquant de me faire choir à tout instant
le boss de son coté ne s'en sort pas mieux avec deux chiens surexcités, son vieux calibre douze en fait les frais et chute sur le sol gelé pendant qu'il vocifère
des insultes à l'encontre de tout les saints du paradis Il manque même de "droper" Fanfare , mais il se ravise à temps et laisse finir son shoot dans le pneu
de la camionnette.
Voila 45mn que nous avons quitter l'ancienne voix ferrée , nous montons maintenant dans une repousse de châtaigniers (des boulades) la pente est rude
heureusement les chiens un peu plus calmes me tirent dans la côte, devant moi "Claman" c'est le surnom du patron, ne parle plus et je vois monter au travers de son tricot
(oui oui pas de gilet fluo à l'époque) de la vapeur presque aussi dense que celle qu'il recrache à chacune de ses expirations.
Occupé tout entier à son effort, il perd un peu de son attention, et bien sur c'est le moment que choisi "Fanfare" pour pointer discrètement son nez en direction de la pente.
L'oeil aguerri par déjà deux saisons d'apprentissage, j'ai compris que le "vieux" vient de sauter la trace.
Je vais pas laisser passer ma chance de prouver que maintenant faudra compter avec le jeunot!
Arrêté sur le "couredou" je scrute la descente dans les feuilles sèches et gelées.... Un pied, aucun doute et il est beau sûrement un mâle en quête de la harde .
"hé!ho! Claman arrête tu viens de passer à coté, reviens un peu par ici et dis moi ce que tu en penses!"
Se retournant sur lui même l'ancêtre me jette un regard interrogateur: "quoi t'as vu quelque chose?"
"Je veux mon neveu, tu viens de sauter une trace immanquable" En effet pire que dans le livre des ânes, au milieu de cette gelée blanche nous ne pouvions louper pareil indice.
Mais bon il était prés de 11h et le "claman" commençait à souffrir, il s'occupait plus tôt de trouver de petits troncs accessibles, qu'il pouvait agripper de sa main libre,
s'aidant ainsi dans la montée de ce versant nord encore à l'ombre qui glissait comme une noire de Courchevel.
Il me tend la laisse de ses chiens , puis se ravise, me prend la mienne et me dit...... confirme!!! Pour lui faire plaisir je descends un tout petit peu dans la trace
Je suis sur de mon coup là, plus de gelée..... c'est frais, la largeur du sillon....pas de doute c'est un sanglier et un gros!
Trompette une bleu de gasconne ,rapprocheur hors pair, s'intéresse aux branches dont elle hume l'écorce sur toute la longueur,
je la lâche, aussitôt elle empaume la voix d'une patte assurée, plantant son museau dans le creux du sillon en hurlant de bonheur, cela fait bien un mois qu'elle n'a plus connu
l'ivresse que lui procure une telle odeur.
Elle s'enfonce dans la pente, appliquée, faisant son travail parfaitement, nous l'avons perdu de vue et décidons de suivre par les crêtes, au poste de "l'enflé"nous l'entendons
longer la voie de chemin de fer , passer la "muraillasse", remonter dans "Palagret"
Puis soudain elle revient dans le creux de la "Bastide" ou elle tourne pendant un bon quart d'heure dans les châtaigniers, plantés comme deux statues sur la ligne de crête
nous sommes aux premières loges pour l'écouter démêler la "mangille" et trouver le pied de remise.
Trompette vient de parcourir 3 bon km et il est presque midi quand ......ses aboies s'intensifient "milles dieux " s'écrit le boss ou plus tôt "milla diou" ç'a y est Albert
lâchons la meute .
Aussitôt les mousquetons ouvert je m'élance dans la pente en criant: "COUT! COUT! AU BOUT! AU BOUT!COUT! A TROMPETTE"
Fanfarre et les trois chiens n'en demandaient pas tant et rallient à la vitesse du vent la bleu qui n'est plus très loin de la remise. L'orchestre n'est pas encore en place
seul quelques instrument s'échauffent, puis tout à coup c'est le silence complet, la bas sous le pic de "Tantajo" les protagonistes doivent s'observer.
Je sais que cela ne va pas durer, je connais la meute....4ou5 secondes et le concert éclate, cela part à la descente, les récrits de la meute emplissent le vallon,
la musique est assourdissante et monte en un roulement continue jusqu'à nos oreilles ravies, ils ne sont que cinq mais on les croirait vingt, j'en ai la chair de poule
et même les larmes aux yeux....que c'est beau ! que c'est beau! jamais je ne voudrais que cela ne cesse "claman" à mes coté, est... malgré son âge avancé
dans le même état que moi "La voila la jouissance à la chasse" me dis-je; si la fille de la baronne avait été, là, à mes cotés....sur qu'elle en aurait été toute trempée
Le solitaire fait exactement son contre, les chiens le talonnent, et voila qu'il saute ou nous avons laché la meute, mais nous sommes bien trop loin pour pouvoir intervenir
la chasse disparaît dans les combes bordant la route de Béziers. 3/4 h plus tard le solitaire fait mine de revenir dans sa remise, mais pour cela il lui faudra franchir le
"petit train" ou est posté le "tchingle".
PAN! enfin un coup de feu, je suis attentif et l'oreille tendue j'écoute et surtout j'espére entendre les 4 coups longs annonçant la mort de la bête ,il me faudra
patienter une dizaines de minutes pour être enfin soulagé.....Il est mort..... et 16h sonne au clocher d' Hérépian.
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