samedi 8 janvier 2011
Sauvetage dans la Nesque.
Celle qui devait être notre avant-dernière battue de la saison, vient de se terminer. Huit sangliers ne verront pas la prochaine saison.
Malgré le bon déroulement général de cette battue, je suis assez en colère, car malgré les consignes claires du matin, un invité placé sur une ligne où il était demandé de se limiter à un sanglier tué par poste, a non seulement fait un doublé de bêtes rousses, mais a de plus tué une laie d'environ 80 kgs. Je serai étonné qu'il soit invité de nouveau, ou bien je me fais fort de le mettre sur un poste situé « au trou du cul du monde ». Non mais!
Pendant que la majorité des actionnaires et des invités fait honneur à l'apéritif, je me joins aux piqueurs pour rechercher les derniers chiens qui manquent à l'appel. Une heure après, nous arrêtons la recherche pour nous joindre aux autres pour déjeuner, deux chiens manquent encore à l'appel. Ils sont tous les deux dans la Nesque et vont mettre comme habituellement beaucoup de temps pour ressortir de ce canyon pentu.

Un bon whisky et un solide repas ont eu raison de ma colère, et c'est sereinement que je repars avec deux collègues pour essayer de retrouver nos deux retardataires.
Grâce aux colliers de repérage, nous localisons facilement les deux chiens. Le premier, vraisemblablement après avoir cheminé au fond de la Nesque, est entrain de remonter deux kilomètres plus loin. Le second ne semble pas bouger de place. Nous décidons dans un premier temps d'aller récupérer l'ariégeois qui se trouve sur l'autre pente. Au terme d'un détours d'une dizaine de kilomètres, c'est chose faite.
De retour sur le lieu de la localisation du porcelaine manquant, nous constatons qu'il est toujours immobile et muet. De l'endroit où nous sommes, il est impossible de descendre vers lui, alors qu'il est situé à peine à une trentaine de mètres sous la route.
De plus, la nuit commence à tomber et il serait extrêmement dangereux de s'aventurer dans ce couloir pentu et glissant.
Tant pis pour lui, Mr « Ventoux de la Peronnière des Baronnies » passera la nuit à la belle étoile.
dimanche 9 janvier 2011.
La battue de fermeture a été maintenue, mais au rendez-vous de chasse, bien peu son présents. Pendant que nous cherchions les chiens, certains ont du trouver la clef de la cave.
Trêve de plaisanterie, le café avalé, nous retournons voir si Mr Ventoux a daigné bouger ses fesses. Et bien non, il est toujours au même endroit et toujours muet. Un doute commence à nous assaillir. Et s'il était mort? Une chute mortelle dans ces goulottes piégeuses est toujours possible. Dans la première partie de cette descente, nous voyons nettement que des animaux sont passés. Nous essayons de dérouler le scénario plausible: les sangliers, dévalent la pente qui surplombe la route, sautent celle ci, passent au ras du parapet et plongent sur le versant quasi abrupt, poursuivis par le chien. Il arrive assez souvent que les sangliers trouvent la sortie, mais par contre les chiens restent enrochés, incapables de faire machine avant ou arrière. Ce cas s'est encore produit lors de notre première battue dans ces lieux. Ce sont deux piqueurs qui sont allés les récupérer, alors que je les dirigeais par radio. L'aventure s'était terminée « à la frontale ».
Patrice et Jean-Luc décident de tenter de rejoindre le chien, en faisant un large détours et en accédant par le bas. Ce sera peine perdue. Au mieux de leur randonnée, ils se retrouvent au pied d'une falaise absolument lisse d'une hauteur d'environ 100 mètres.
Et si on appelait les pompiers? L'idée qui peut paraître au départ, saugrenue, devient tout à fait évidente pour tous ceux qui attestent que les pompiers sont intervenus pour récupérer le chat de la mère Tartempion, qui se trouvait coincé dans je ne sais quel lieu.
Allo, Michel?
Michel, c'est le garde assermenté de la société communale qui est associée avec nous pour la chasse du grand gibier et, comble de chance, il est également sapeur-pompier bénévole à la caserne de Sault. Bien sur, nous dit-il, que nous allons venir pour essayer de remonter votre chien (mort ou vif).
L'attente ne sera pas bien longue. Michel, bien qu'il ne soit pas de service ce jour là, arrive avec deux jeunes collègues. Nous faisons un petit briefing, pour expliquer où se trouve le chien. Les sapeurs, tout en s'équipant, élaborent une stratégie pour accéder au lieu où le chien est bloqué.

C 'est parti!

Dans un premier temps, les trois pompiers se frayent un passage dans l'épaisse végétation de chênes verts qui ont colonisé le début de ce goulet, puis, arrivés au bord d'une plateforme, encordent un des leur pour le laisser descendre, suspendu à son fil, jusqu'au bout des 30 mètres règlementaires de corde.
Il atteint alors une nouvelle plateforme et là......rien! Pas plus de chien mort que de chien vivant. Confortés par la présence sur le localisateur du signal du collier, nous insistons auprès du « descendeur » pour qu'il continue de chercher. Alors, qu'aidé par ses collègues, il commence à remonter péniblement, un cri à la radio: j'entends la clochette.
Mr Ventoux, frais comme un gardon, a enfin daigné bouger la tête pour voir au travers des arbustes, ceux qui sont venus le secourir. Le scénario que nous avions échafaudé était le bon. Emporté par son élan, ce « bédigas », a sauté sur une plateforme envahie par la végétation, qui ne possédait ni entrée, ni sortie. Les sangliers eux, connaissant ce piège mortel l'avaient soigneusement évité.
Je vous laisse imaginer la joie qui a été la notre quand les « héros » de cette journée sont enfin arrivés sur la route.

Je ne saurai terminer ce récit sans remercier chaleureusement pour leur courage et leur dévouement, les pompiers de la caserne de Sault, mais aussi l'ensemble de ce corps de volontaires qui veille attentivement sur nous et tous ceux qui nous sont chers, aussi bien humains qu'animaux.
