Accident de chasse : le week-end dernier, un chasseur de 79 ans se tue dans un village voisin, en manipulant maladroitement son arme. La presse parle d’un homme « bon ». Ses amis le qualifient de « gentil », « respectable », « travailleur », …
A la lecture des commentaires apparaissant sur les réseaux sociaux liés aux articles de presse relatant l’événement, je ne peux qu’être sidéré par la bêtise et la méchanceté d’une grande partie de ceux qu’il est convenu d’appeler « mes concitoyens ». En effet, on peut y lire – dans une prose le plus souvent mal écrite – « bien fait », « enfin, il ne chassera plus », … et autres ignominies du genre.
Où trouver une humanité chez ceux qui se réjouissent de la mort d’un homme ? Où voir un soupçon d’humanité, chez ceux qui accordent plus de valeur à la vie d’un animal qu’à celui d’un homme, fût-il chasseur ? Où deviner de l’humanité dans des propos infâmants qui ne font qu’ajouter de la peine au chagrin d’une famille qui pleure un être cher ? Car, malheureusement, en perdant la vie, ce chasseur a aussi perdu son droit de réponse ; seule sa famille aura à supporter ces discours haineux. Non – et ils en font eux-mêmes la démonstration – il n’y a pas d’humanité chez ces gens-là qui, au nom d’une illusion, prétendent défendre une société sans chasseur. Non, il n’y a que bêtise, ignorance, intolérance et manque de curiosité ! Ils n’aiment pas la chasse, et ils se réjouissent de la mort d’un chasseur …
Quel est ce monde où il suffit de ne pas aimer, pour se donner le droit de condamner ceux qui aiment ? Serait-il normal de se réjouir de la mort d’un motard, parce qu’on n’aime pas la moto (par exemple, au prétexte que cela serait bruyant) ? Serait-il justifié de se réjouir de la mort d’un alpiniste, parce qu’on n’aime pas la montagne ? Serait-il acceptable de se réjouir de la mort d’un politicien parce qu’on n’aime pas son parti ? … La liste de tels exemples peut s’allonger à l’infini.
« Les braves gens n’aiment pas qu’on suive une autre route qu’eux … », chantait Brassens.
Sans doute, sont-ce les mêmes qui se régaleront, le jour du réveillon, d’un râble de lièvre ou d’un civet de marcassin, tout en refusant de connaître l’origine de la venaison. Probablement, adorent-ils un bon steak de bœuf, mais ignorent la vie dans un abattoir. Certainement, seront-ils les premiers à demander une intervention des pouvoirs publics quand leur jardin aura été labouré par une compagnie de sangliers. Ne seraient-ils pas de ceux qui, à la Noël, font cadeau à leur enfant d’un chiot ou un chaton, pour l’abandonner en juillet, quand il devient encombrant le jour du départ en vacances, oubliant ainsi leurs vocations de « chevaliers », « défenseurs des animaux ». Toujours, ils montrent leur méconnaissance de ce qu’ils affirment aimer en confondant chevreuil et biche.
« Faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on n’pense pas … », chantait Brel.
Non, on ne pense pas. On croit que le monde est celui de Bambi, tel qu’on l’a rêvé dans un imaginaire, déconnecté de la réalité. Savent-ils que les causes premières de mortalité du gibier sont la circulation automobile et les pratiques agricoles ? Demandent-ils pour autant à ce qu’on interdise l’usage des automobiles, qu’on en revienne à l’agriculture du 19ème siècle ? Se réjouissent-ils de la mort de l’automobiliste ou du fermier ? Savent-ils que les chasseurs sont actifs dans la préservation de la biodiversité ? Savent-ils que les chasseurs restaurent des biotopes ? Savent-ils que les chasseurs gèrent des populations d’animaux sauvages le plus souvent condamnés à disparaître sans eux ? Savent-ils que l’activité de chasse a des retombées économiques profitables à la société dans laquelle ils vivent ? Savent-ils que les densités de populations de grands gibiers ont doublés ou triplés depuis 20 ans grâce à l’action des chasseurs ? Savent-ils que ce sont les pouvoirs publics (ceux issus de leur choix, lors des élections) – contre l’avis, bon ou mauvais, de beaucoup de chasseurs – qui réclament l’augmentation des tableaux de chasse ? Savent-ils que certaines races de chiens ne survivent que parce que les chasseurs s’y intéressent ? Savent-ils … Enfin, savent-ils que la chasse est une activité légale, et réglementée ?
Non. Ils préfèrent croire. C’est plus simple et moins fatiguant.
Et comme toujours, les idées simplistes conduisent à des conclusions idiotes, et finalement méchantes.
Pour cela, je ne vous aime pas, vous qui avez cru bon d’écrire votre joie de voir un chasseur mourir. Je ne vous aime pas. Mais, le jour, où votre bêtise méchante vous conduira dans les difficultés, je ne me réjouirai pas.accident de chasse ,honte a nos detracteurs
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