Chien-courant.com

Forum de discussion dédié à la chasse aux chiens courants

L'ectopie testiculaire chez le chien



L'ectopie testiculaire correspond à une non descente des testicules dans les bourses ou scrotum. C'est une affection fréquente, dont les conséquences zootechniques et légales sont importantes. Il s'agit en effet d'un vice rhédibitoire et d'une maladie entraînant des troubles de la reproduction.
.
Quand un ou deux testicules ne sont pas descendus dans les bourses à l'âge de 10 semaines, on parle de cryptorchidie (étymologiquement "testicule caché", quand le testicule reste dans la cavité abdominale) ou d'ectopie testiculaire. Que l'éleveur se rassure, cette anomalie, si elle survient chez un de ses chiots, ne jette pas l'opprobre sur l'ensemble de sa production : l'ectopie testiculaire est en effet une affection largement répandue puisqu'elle touche environ 10 % de l'ensemble des chiens, de race ou non.

DIFFERENTES FORMES

L'ectopie testiculaire existe sous diverses formes :
- Lors d'ectopie abdominale, les testicules restent dans la cavité abdominale. On parle alors de cryptorchidie. - L'ectopie inguinale : le ou les testicules sont partiellement descendus mais restent au niveau inguinal (près de l'aine).
- Lectopie inguino-scrotale : le ou les testicules sont descendus plus bas mais sont restés sous la peau (posi-tion sous-cutanée).

CAUSES DE L'ECTOPIE TESTICULAIRE

On connaît encore imparfaitement l'ensemble des facteurs qui régissent la descente des testicules dans les bourses. Il convient pour la comprendre mieux de se pencher sur l'évolution embryologique des testicules.
Les testicules proviennent de cellules souches situées non loin des reins. Au cours du développement de l'embryon, ils se localisent en arrière des reins. Leur migration est guidée par une petite formation appelée gubernaculum testis qui par des mécanismes d'allongement et de rétraction, les amène dans les bourses.
Toute anomalie du développement ou de la régression de cette structure peut aboutir à une ectopie testiculaire. D'autres auteurs estiment que l'ectopie testiculaire peut survenir à la faveur d'un volume testiculaire disproportionné par rapport au diamètre de l'anneau inginal. On cite encore la possibilité de vaisseaux sanguins irriguant le testicule et dont la longueur serait insuffisante, exerçant en quelque sorte un phénomène de traction.

Cela étant, la plupart des experts donnent actuellement le rôle décisif au gubernaculum testis. Cette petite structure se développe et régresse sous l'impulsion de diverses hormones dont les stéroides sexuels (androgènes), et d'autres facteurs non hormonaux. Pour tout dire, le mécanisme intime de cette affection demeure encore obscur.

GENETIQUE

Pour la plupart des généticiens, il n'existe aujourd'hui plus de doute pour affirmer que l'ectopie testiculaire a une composante héréditaire. Parmi les hypothèses le plus couramment admises, citons l'intervention d'un gène autosomique récessif ou plus probablement l'intervention de plusieurs gènes à pénétrance incomplète : un gène contrôlerait la descente du testicule à l'intérieur de l'abdomen, un autre la migration extra-abdominale. Toutefois, certains cas d'ectopie testiculaire, pour ce que l'on en connaît chez l'homme, pourraient avoir un déterminisme uniquement mécanique ou mixte (voir encadré).

SYMPTOMES

Le testicule droit semble le plus fréquemment atteint d'ectopie. Cette ectopie a des conséquences cliniques néfastes :
Quand le testicule est en position intraabdominale, sa température est trop élevée (un testicule en position normale a une température inférieure de 2°C à celle du corps). Ceci a pour conséquence une suppression de la spermatogénèse (production de spermatozoïdes) dans le testicule ectopique. Un animal présentant deux testicules ectopiques est dès lors stérile.
Les testicules ectopiques ont un fort risque de tumorisation : le risque est multiplié par 10 par rapport à un testicule normal. Les tumeurs apparaissent assez tardivement chez le chien atteint d'ectopie, vers l'âge de 6 ans en moyenne. Deux types de tumeurs sont fréquemment rencontrées. On les appelle séminomes et sertolinomes. Ces dernières tumeurs s'accompagnent parfois d'un syndrome de féminisation (développement des mamelles, du fourreau, perte de poils symétrique).

QUE FAIRE FACE A UN CHIOT PRESENTANT UNE ECTOPIE?

Avant tout, ne pas s'affoler! Le diagnostic ne peut être porté par le vétérinaire qu'après l'âge de 10 semaines. Il faut palper l'animal couché puis debout. Il est parfois difficile pour le praticien de préciser la position du testicule ectopique Cela est aisé si il est en position sous-cutanée donc palpable. Dans la région inguinale (aine), on trouve chez le chien un amas graisseux dans lequel peut être noyé le testicule. Quand le testicule est dans l'abdomen, il est impossible de préciser sa localisation.

TRAITEMENT

Rappelons immédiatement que ne sont confirmables que les chiens présentant deux testicules descendus dans les bourses. Il est absolument recommandé d'éliminer de la reproduction les mâles atteints d'ectopie testiculaire unilatérale ou bilatérale.
Cela étant, des traitements médicaux et chirurgicaux sont disponibles, mais ils n'ont pour but que d'éviter la tumorisation des testicules ectopiques et non de camoufler un vice rhédibitoire.
Le vétérinaire peut proposer des traitements hormonaux. Il est impératif que ces traitements soient appliqués le plus précocement possible et en tous cas avant l'âge de trois mois. Les résultats de ces traitements sont généralement décevants. Ils seraient parfaitement inefficaces lorsque le testicule est resté dans l'abdomen.
On comprend dès lors que le traitement chirurgical s'impose dans bien des cas. Il consiste en l'ablation du ou des testicules ectopiques. La remise en place de ce testicule est techniquement possible mais pas recommandée, car elle ne supprime aucunement le risque tumoral fritur. Il s'agit de plus d'une fraude.

ASPECTS LEGAUX

Nul n'est à l'abri de ce genre de mésaventures. L'éleveur doit savoir que l'ectopie testiculaire est un vice rhédibitoire chez les animaux de plus de 6 mois (loi du 22 juin 1989). Un décret du 28 juin 1990 porte à un mois le délai imparti à l'acheteur pour engager la nomination d'un expert et intenter une action. Ce texte de loi est dans les faits inapplicable dans la mesure où la plupart des chiots sont vendus entre 2 et 4 mois. L'acheteur peut alors faire valoir la garantie conventionnelle pour vice caché antérieur à la vente ou pour erreur sur la qualité substantielle si l'animal était destiné à la reproduction.