et une autre
©IRD/Fournet, Alain
Légende : Chien infecté par la lesimaniose viscérale. Il est réservoir domestique de la maladie. Près de Coroico, Yungas, Département de La Paz, Bolivie. Cf site IRD, fiches d'actualité n° 216 et 226
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La leishmaniose viscérale, qui représente la forme la plus sévère des leishmanioses, affecte 500 000 personnes chaque année dans le monde. Elle est due à un protozoaire, Leishmania infantum, transmis par la piqûre d’un insecte, le phlébotome. Cette maladie, pour laquelle il n’existe aucun vaccin, s’avère rapidement mortelle en absence de traitement. Dans les zones touchées, la population canine, massivement affectée, constitue un « réservoir » de parasites pour l’homme. La mise au point d’un vaccin canin pourrait, en réduisant ce réservoir, limiter la transmission de la maladie à l’homme. Un tel traitement de prévention vient d’être testé avec succès sur des chiens par une équipe de l’IRD de Montpellier, en collaboration avec la clinique vétérinaire du Rocher (La Garde, Var) et l’entreprise biopharmaceutique Bio Véto Test (La Seyne-Sur-Mer, Var). Les premiers résultats, qui révèlent en effet une protection totale et durable de ces animaux contre la maladie, pourraient ouvrir la voie à l’élaboration d’un éventuel vaccin humain.
La leishmaniose viscérale, qui est la forme la plus sévère des leishmanioses, affecte chaque année 500 000 personnes, majoritairement dans les pays en voie de développement. Elle est due au parasite Leishmania infantum. Ce protozoaire flagellé utilise comme vecteur un insecte qui ressemble à un petit moucheron, le phlébotome, dont il colonise l’intestin puis les glandes salivaires. L’insecte femelle, qui se nourrit de sang de mammifère, peut ainsi transmettre le parasite à l’homme par simple piqûre. Une fois introduit dans la circulation sanguine, L. infantum se réfugie dans des cellules particulières du système immunitaire, les macrophages. Ceux-ci finissent par éclater, libérant les parasites qui vont pénétrer dans de nouvelles cellules. La maladie se traduit chez la personne infectée par des poussées de fièvre, une anémie et un amaigrissement. En absence de traitement, ces signes cliniques présentent généralement une issue fatale.
Le phlébotome se nourrit également du sang d’autres mammifères que l’homme. C’est ainsi que sur le pourtour méditerranéen, 5 millions de chiens, soit 1 à 42 % selon la zone, sont atteints de leishmaniose viscérale. Ces animaux constituent un véritable réservoir de parasites, qui approvisionne de manière continue le cycle mammifères-phlébotome-homme. Dans ce contexte, la mise au point d’un vaccin canin permettrait de réduire la population animale infectée et, ainsi, de diminuer indirectement les risques de transmission de la maladie à l’homme.
Jusqu’alors, plusieurs vaccins canins, élaborés pour la plupart à partir de parasites entiers lyophilisés, se sont avérés peu efficaces. Une équipe du centre de recherche de l’IRD de Montpellier, en collaboration avec la clinique vétérinaire du Rocher (La Garde, Var) et l’entreprise biopharmaceutique Bio Véto Test (La Seyne-Sur-Mer, Var), vient de mettre au point et de tester un nouveau type de traitement, composé uniquement des protéines excrétées par le parasite (1) . D’après les premiers essais réalisés, celui-ci protègerait totalement et durablement les chiens contre la maladie.
Sur les dix-huit chiens inclus dans l’étude, douze d’entre eux ont été traités avec des doses croissantes de protéines excrétées par le parasite (soit 50, 100, 200 microgrammes) formulées avec un adjuvant, les six autres ne recevant aucun traitement. Après deux injections à trois semaines d’intervalle, tous les animaux ont été infectés avec L. infantum, puis suivis pendant deux années afin d’étudier la progression de la maladie. Le mélange de protéines parasitaires s’est ainsi avéré particulièrement efficace, une protection de 100% ayant été obtenue pour les doses de 100 microgrammes (six chiens immunisés sur six) et 200 microgrammes (trois chiens sur trois).
Les chercheurs se sont également penchés sur les changements immunitaires induits par la vaccination chez les animaux. Des expériences réalisées au laboratoire montrent que l’efficacité du vaccin se traduit par une activation de certaines cellules du système immunitaire, les lymphocytes T de type Th1. Ceux-ci induisent la production, par les macrophages infectés, d’un véritable poison cellulaire, l’oxyde nitrique. Ce processus, absent chez le chien non traité, permet ainsi aux macrophages de se débarrasser des parasites qui les infectent. L’animal est ainsi protégé à long terme contre la leishmaniose viscérale.
Bien que ce vaccin n’ait encore fait ses preuves que sur un nombre limité d’animaux, il constitue un pas de plus vers la protection des chiens contre cette maladie. Ces résultats, que confirment les premières données très encourageantes issues d’un essai clinique actuellement mené à plus grande échelle (phase III), laissent présager d’une réduction de la transmission de la leishmaniose viscérale à l’homme. Ils offrent également de nouvelles pistes pour la mise au point d’un éventuel vaccin humain. Un projet de recherche intégrée, impliquant la participation de plusieurs équipes de l’IRD (2) , vient d’être mis en place en Inde, dans ce sens. Il devrait permettre l’évaluation de l’efficacité d’un tel vaccin chez l’homme.
(1) L’obtention de ces protéines a par ailleurs nécessité la mise au point, en 1992, de milieux de cultures adaptés (brevetés), dépourvus de protéines annexes. Les milieux habituellement utilisés contenant en effet de nombreux composés protéiques (sérumalbumines, albumines…) qui empêchent d’isoler spécifiquement les protéines excrétées par le parasite. Références : Lemesre J.L., Blanc M.P., Grébaut P., Zilberfard V. et Carrière V. (1994). Culture continue de formes amastigotes de Leishmanies en condition axénique. Réalisation du cycle évolutif in vitro. Médecine et Armées, 22 (1), 99 et Merlen T, Sereno D, Brajon N. and Lemesre J.L. (1999). Leishmania Spp: completely defined medium without serum and macromolecules (CDM/LP) for the continuous in vitro cultivation of infective promastigote forms. Am. J. Trop. Med. Hyg., 60 (1), 41-50. Brevets : Lemesre J.L. (1993). "Procédé de culture in vitro de différents stades parasitaires obtenus et applications biologiques". Brevet français, FR n° 93 05779 ; Lemesre J.L. (1994)."Method for the culture in vitro of different stages of tissue parasites".Brevet international, PCT/FR N° 94/00577.
(2) Le projet, intitulé « Etude des facteurs de l’hôte et du parasite déterminant le devenir de la leishmaniose viscérale : application pour la prévention et le traitement », associe les UR 08 « Pathogénie des Trypanosomatidés » et 165 « Génétique et évolution des maladies infectieuses » de l’IRD, ainsi que l’Institut des Sciences Médicales, Banares Hindu University, Varanasi, Inde.
Rédaction-DIC : Romain Loury/Marie Guillaume
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Jean-Loup Lemesre – IRD UR 08 « Pathogénie des Trypanosomatidés », IRD BP 6450, 34394 Montpellier cedex 5. Tél. : 33 (0)4 67 41 62 20, fax : 33 (0)4 67 41 63 30. Courriel : J-Loup.Lemesre @mpl.ird.fr .
OU
Gérard Papierok – Fondateur et Directeur Général de Bio Veto Test (groupe VIRBAC, 8è groupe pharmaceutique vétérinaire mondial), ZA des Playes, 285 avenue de Rome, 83500 La Seyne sur Mer. Tél. : 33 (0)4 94 10 58 94, fax : 33 (0)4 94 10 58 90.
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Références :
Jean-Loup Lemesre, Philippe Holzmuller, Mireille Cavaleyra, Rachel Bras Gonçalves, Grégory Hottin, Gérard Papierok– Protection against experimental visceral leishmaniasis infection in dogs immunized with purified excreted secreted antigens of Leishmania infantum promastigotes, Vaccine, 2005, vol. 23, pp. 2825-2840.
P. Holzmuller, M. Cavaleyra, J. Moreaux, R. Kovacic, P. Vincendeau, G. Papierok, J.-L. Lemesre– Lymphocytes of dogs immunised with purified excreted-secreted antigens of Leishmania infantum co-incubated with Leishmania infected macrophages produce IFN gamma resulting in nitric oxide-mediated amastigote apoptosis, Veterinary Immunology and Immunopathology, 2005, sous presse.
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