A travers quelques lignes, je voulais rendre hommage à mon chien Estra, qui est parti dimanche dernier au paradis à cause d’une torsion d’estomac… Dimanche je n’ai pas perdu un chien, non, j’ai perdu bien plus !! J’ai perdu un grand Monsieur, j’ai perdu le patron de la petite meute, j’ai perdu un guerrier, j’ai perdu mon complice. Tu vas laisser un grand vide, les chasses à venir ne seront plus jamais comme avant…. Avec toi, tout semblait facile. Tu étais en mesure de faire une chasse à toi tout seul : rapproché, ferme et menée. D’ailleurs, tu adorais chasser seul, à ton rythme. Le ferme n’était pas ta qualité principale, tu ne respectais pas la bête noire, tu fonçais, tête baissée, sans jamais rien lâcher. Merci les gilets de protection, sinon tu n’aurais jamais atteint tes 9 ans… On a vécu tant de choses avec toi, des bons moments mais aussi des plus douloureux….Mais toujours tu te relevais, toujours tu fonçais, ou plutôt tu te défonçais pour relever les défis, pour relever les ruses des sangliers…tu allais au bout de toi-même. Tu m’as donné de vrais leçon de vie avec ta ténacité à ne jamais rien lâcher dans les moments les plus difficiles, c’était vraiment ta force. J’ai tellement de souvenirs de chasse avec toi… Et tous ces déplacements que l’on a fait pour chasser, tu étais toujours là, et avec la complicité de ta sœur, vous arriviez toujours à faire courir les sangliers : l’Ain, la Drôme, les Hautes Alpes, le Gard… Et cette victoire au concours de chiens de pieds dans le Beaujolais en 2011… Jamais tu nous a déçu, tu étais une « machine » à chasser. Quand tu attaquais à rapprocher, ce n’était pas pour le plaisir, c’était pour mordre les soies de la bête de chasse ! Que l’intersaison était longue pour toi, toi qui pensait, à chasser, à chasser et encore chasser !! Heureusement nos sorties hebdomadaires en longe nous faisait patienter. Je me régalais à te suivre, on se régalait et on avait toujours du mal à s’arrêter !!! A toute heure de la journée tu étais partant, à toute heure tu étais capable de remonter un pied, pas besoin de se lever aux aurores ! Pour les coups durs, tu as été servi, mais tu t’es toujours relevé ! A 8 mois, tu pars rapprocher des sangliers dans 40cm de neige, on te perd, tu passes la nuit dehors, mais on te retrouve avec beaucoup de chance… Autre cascade, tu sautes de la caisse du 4x4 en roulant…cette fichue porte qui s’ouvre. Au lieu de rester au fond de la caisse, non, tu sautes et tu pars lever ton sanglier. En 2015, tu perds un testicule dans un combat avec un solitaire. Puis dans la Drôme en 2016 , c’est le nerf sciatique qui est sectionné….la saison 2016-2017 se termine pour toi en novembre. Opéré en février 2017 à l’école vétérinaire de Lyon, c’est une réussite. Tu remontes la pente et tu chasses en octobre 2017. Tu nous fait d’ailleurs des chasses d’enfer, quel courage, quelle volonté, chapeau bas l’artiste ! Oui tu étais pénible au chenil, tu avais souvent la gueule ouverte, oui tu aimais te gaver de croquettes, oui tu étais explosif, oui tu étais chiant en laisse à m’allonger les bras, oui tu n’étais pas très « racé »….mais tes qualités gommaient largement tes défauts. A mes yeux, tu étais le chien exceptionnel, tu étais le patron comme je disais. Grâce à toi, j’ai goûté à l’excellence, et ce sera difficile de faire marche arrière… Tu vas me manquer, tu m’as tellement appris et j’espérais que ça continue encore un peu. On te ménageait au maximum pour ne pas t’exposer inutilement. Contrairement à ce que l’on pensait, ce n’est pas la chasse qui t’a enlevé la vie mais une saloperie de torsion d’estomac…. Tchao mon Grand…et je compte sur toi pour faire courir les sangliers du domaine de St Hubert, ils ne vont pas avoir beau temps, j’en suis sûr.
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