Je ne résiste pas, au fil de ma lecture, à l'envie de vous faire partager ce superbe ouvrage qu'est Le Livre de la Chasse de Gaston Phébus. Après une courte introduction, j'aborde le chapitre qui nous intéresse tous, celui des chiens. Cette richesse littéraire, traduite en vieux français, est un pur bonheur et je délecte ces mots un à un. Je vous souhaite une bonne lecture et si cela vous intéresse, je pourrais poursuivre ma copie.
Bien avant que Louis XIV osât prendre le soleil pour emblème, un petit seigneur Pyrénéen avait déjà adopté l’orgueilleux surnom de Phébus. Il le devait à l’éclat de sa chevelure flamboyante et au succès de ses entreprises. Ce surnom lui plut tant qu’il l’adjoignit à sa signature. Pourtant, si Gaston III, comte de Foix et de Béarn, survit dans la mémoire de quelques-uns de nos contemporains, sa renommée posthume doit plus à sa science de la vénerie qu’à ses incontestables, mais éphémères, réussites politiques. Le puissant état Pyrénéen dont il rêvait et qu'il parvint à créer, ne sortit du néant que pour y retomber aussitôt. En revanche, le traité, composé par lui à ses moments perdus, est devenu l’évangile de générations de veneurs et de naturalistes. La chasse était pour lui « délit », c'est-à-dire, plaisir, distraction, selon l’ancienne acceptation du terme. Il la mettait sur le même plan que deux activités auxquelles on attache d’ordinaire une plus grande importance : l’amour et la guerre. Gaston de Foix naquit le 30 avril 1331. Il commença la rédaction du Livre de la Chasse le 1er mai 1387 et l’acheva en 1389.
…« moi, Gaston, par la grâce de Dieu, surnommé Phoebus, comte de Foix, seigneur de Béarn, qui tout mon temps me suis délecté spécialement de trois choses : les armes, l’amour et la chasse. Et comme pour les deux premières, il y a de bien meilleurs maîtres que moi, car de bien meilleurs chevaliers ont été que je ne suis, et bien des gens ont eu de plus belles aventures d’amour que je n’en eus, ce serait pour moi sottise d’en parler….C’est du troisième office, dont je doute d’avoir eu nul maître, si vaniteux que cela semble, que je voudrais parler, c’est-à-dire de la chasse… ». …« Soyez donc tous veneurs, vous agirez en sages. Je loue et conseille à toutes manières de gens, de quelque état qu’ils soient, d’aimer les chiens et les chasses et les divertissements que procurent les bêtes et les oiseaux… ».
De la nature des chiens et de leur dressage …« je vais parler de la nature des chiens qui chassent, de leurs noblesses et conditions qui sont si grandes et merveilleuses en certains chiens qu’il n’est nul homme qui le puisse croire,…, car c’est la plus noble bête, la plus raisonnable et la plus avisée que Dieu fit jamais, et je n’excepte en bien des cas ni l’homme ni aucune autre chose… » …« Le chien est fidèle à son maître et de bon amour et de vrai. Il est de bon entendement et a grande connaissance et grand jugement. Le chien a force et bonté, sagesse et c’est bête sincère. Il a grande mémoire et a grand sentiment. Le chien a grande diligence et grande puissance, grande vaillance et grande subtilité, grande légèreté et vue perçante. Il est bien obéissant car il apprendra, comme un homme, tout ce qu’on lui enseignera. Les chiens procurent tous les plaisirs et sont si bons qu’il n’y a guère d’homme qui n’en veuille avoir pour un office ou pour un autre…. ».
_________________ Le chien de chasse est la plus noble bête, la plus raisonnable et la plus avisée que Dieu fit jamais...GP Le chien possède la beauté sans la vanité, la force sans l'insolence, le courage sans la férocité et toutes les vertus de l'homme sans ses vices. GG
Dernière édition par Ortygie le 21 Juin 2010 20:33, édité 1 fois.
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