Mercredi 14 septembre 2011
Le vallat des peissonniers.
Dimanche dernier, jour d'ouverture générale dans le vaucluse, n'a pas été pour notre équipe, mais le fait est assez habituel pour nous, un jour faste.
Un sanglier manqué, une grosse laie suitée, les atavismes régionaux sont toujours aussi présents, plus un petit sanglier également manqué sont les deux seuls faits marquants de cette journée, si l'on excepte la chaleur caniculaire.
Au cours de cette battue, placé un peu en retrait de l'enceinte traquée, j'ai entendu une mène qui sautait très bas bas le « Vallat des Peissonniers ». Si le terme « vallat » est bien connu chez nous, pour qualifier un vallon aux versants très pentus et resserrés, il n'en va pas de même pour « peissonniers ».
« Wiki » faisant partie de mes amis fidèles m'a libéré de mes interrogations. Il semble donc que ce nom ait une origine savoyarde et désigne les sapins. Effectivement, en y regardant bien, quelques sapins sont présents sur les pentes de ce vallon. Votre curiosité et la mienne étant enfin satisfaites, j'en viens à la relation de cette battue du mercredi.
Les formalités administratives expédiées, lors de la répartition des postes, j'indique que je compte expérimenter un nouveau passage du coté où j'ai entendu passer les chiens « plein badin » lors de l'ouverture. Le Président, mémoire vivante de l'équipe m'indique un ancien chemin qui pourrait me conduire au plus près de ce poste idéal. Après quelques centaine de mètres d'une descente plus facile que ce qu'elle en avait l'air au départ, j'arrive pratiquement au fond du vallon. Dans un lacet, un petit promontoire m'offre ombre et siège.
La carabine est armée, le point rouge allumé. C'est parti pour une nouvelle battue dans ces « Monts du Vaucluse » et les « Gorges de la Nesque » dont la beauté me ravissent à chaque sortie.
Mon regard, comme d'habitude, balaie tout le panorama qui s'offre à moi. Le silence est total.
Soudain, sur ma gauche j'aperçois un sanglier d'une cinquantaine de kilos qui gravit la pente en travers.
Bien évidemment, il évite soigneusement les zones dénudées, et emprunte seulement les drailles entre les buis et les repousses de chêne qui peuplent cette coupe à blanc.
Un coup je te vois, un coup je te vois pas. Le point rouge n'arrive pas à se stabiliser suffisamment longtemps sur le corps de l'animal pour pouvoir lâcher une balle. Finalement, dans un très bref passage, j'ai le temps de tirer. Il me semble accuser le coup, mais quelques buis plus loin, je l'aperçois poursuivre son ascension. Zut me dis-je, manqué!
Que nenni, alors que je cherche désespérément un nouveau « clair » pour pouvoir tirer, je le vois descendre. Instantanément ma conclusion arrive: il en a eu!
De plus, tout en descendant, il se rapproche de moi. Il a trouvé une draille horizontale en plein travers. Il se trouve alors à une soixantaine de mètres. Je cale calmement le point rouge sur son épaule (avé la correction qui va bien) et fait feu. Carreau!
Malgré tout, je suis un peu déçu, car ce sanglier n'était pas mené. La fanfare des chiens sur le pied ne viendra pas enjoliver ce premier succès de l'année.
La radio crépite:
-tu as tiré? Oui!
-il est mort? Oui!
-il est beau? Oui!
-combien il fait? 50Kg!
-il y avait quel chiens? Aucun!
-m...e!
Le soleil commence à »dardailler » comme on dit chez nous. Si je laisse cet animal en plein soleil toute la matinée, les mouches et les vers risquent de faire festin. Il faut impérativement aller le chercher et le descendre à l'ombre. Après avoir prévenu par radio que le montais dans le travers, je m'équipe d'un trait et d'une cablette (équipement concocté par mes soins) et j'attaque la pente. La hauteur et la densité des buis me révèlent alors pourquoi j'avais eu autant de difficultés pour ajuster mon tir. Après pas mal de détours j'arrive enfin à mon trophée. Un joli mâle d'une cinquantaine de kilos. La première balle a sectionné les deux pattes avant ce qui explique qu'il ait pris rapidement la descente. La deuxième est pleine épaule.
Après une rapide photo, j'entame la descente avec mon fardeau. Je vous fait grâce des jurons adressés par mes soins à tous les buis de la terre ainsi qu'à leurs enfants.
Après avoir abandonné mon gibier au frais sous les frondaisons, je remonte sur mon promontoire et entreprend de me désaltérer, quand j’entends à une dizaine de mètres un animal qui descend sur ma droite. J'échange prestement ma bouteille de Perrier contre une Sauer 303 que j'arme avec rapidité, et, le cœur battant je scrute le versant opposé où théoriquement le sanglier devrait apparaître.
J'attends toujours! Ne sachant où regarder précisément, il a glissé hors de ma vue. Quelques minutes plus tard, retentit la voix de deux chiens. Eurêka, car eux ne sont pas aussi discrets que le gibier qu'ils poursuivent et ils vont donc me marquer le trajet suivi. Encore quelques minutes de patience et je vois enfin l'ariégeois « Albion » et le porcelaine « Eole » emprunter une toute petite draille qui passe au pied d'un grand cèdre
Arrivé à cet instant du récit, me vient l'idée de vous poser une question du type de celles que posent les commentateurs du foot le soir des match de Champions League:
Quel est le nom du joueur français qui a donné un coup de tête à un adversaire italien, un soir de finale de Coupe du Monde?
-1: Zinédine Zidane.
-2: Raymond Domenech.
Ma question maintenant:
Où sera Craven dimanche prochain?
-1: à la maison car il faut qu'il tonde la pelouse.
-2: au pied d'un grand cèdre dans le « Vallat des Peissonniers ».