Voilà mon petit dernier, j’en ai déjà publié la photo mais je suis content : c’est ma chasse la plus mémorable d’une saison pourtant bonne.
Le matin de ce mercredi on est tout juste assez nombreux pour chasser (7). On choisit un secteur un peu moins vaste que les autres dans les gorges sous la route.
La couche de neige restante depuis 3 semaines montre des pas de sangliers mais aucun de la nuit sur le sentier que je suis, mais comme ça n’est pas moi le chien je fais barrer dans le travers sous moi et au bout de quelque temps la vieille annonce.
Je libère la cadéle qui va rejoindre ses aînées et commence un pied pas très rapide mais qui avance quand même. Quelques 30 ou 40 mn plus tard bien que la direction prise soit carrément à la descente sous moi il me semble comprendre que ça a lancé, et en effet il n’y a vite plus AUCUN doute.
Par contre j’ai laissé un vieux (84 ans) qui n’a osé prendre sa voiture pour rouler sur la glace au poste que j’occupe normalement, et bien sûr PAN !!!
Il m’appelle pour dire qu’il a manqué, et que le sanglier est gros. Je prends vite ma voiture pour suivre la chasse et essayer de couper les chiens en bordure de camp militaire, et pour éviter tout ennui prévisible je dépose la carabine dans le C15 de l’un de mes vieux.
Bien sûr les chiens me sautent derrière et la chasse échappe.
Je renvoie donc chez eux les vieux (et ma carabine avec, que je n’ai pas récupérée

. Heureusement un retardataire me laisse son automatique) et ne restent avec moi que 2 copains pour voir si on peut faire quelque chose.
Et à 11h effectivement la chasse retourne et plonge de notre côté. On décide de suivre, et au bout de 2 heures on est proches du ferme que l’on entendait au loin. Bien sûr comme j’arrive tout près après avoir laissé mes accompagnants postés pour éviter de laisser traverser la rivière ça redémarre.
J’ai rejoint Franck, et ensemble on écoute la chasse disparaître au loin… et revenir puisque les falaises de ce côté sont infranchissables. Et rien ne reparaît de l’autre côté du ressaut qui nous domine, ça s’est donc remis au ferme au dessus de nous.
Je grimpe, me voilà dans des buis hauts de 3m. Je vois la chienne (la vieille et la jeune ont abandonné le ferme depuis longtemps), elle aussi me voit.
Avec cette chienne on a une vraie complicité, et si c’est l’intelligence de chasse la qualité n°1 d’un chien à sanglier alors je chasse avec Einstein. A sa façon d’aboyer en confiance je sais qu’elle a localisé précisément le sanglier. Elle passe en face de moi et s’avance en aboyant de toutes ses forces pour provoquer la charge, et par 2 fois j’entends une amorce de démarrage mais rien ne poursuit la chienne qui fonce sur moi. Par contre la 3ème fois…
Bref je suis dans la seule petite éclaircie, à genoux pour voir sous les buis et c’est incroyable comme à un instant il n’y a rien et que la fraction de seconde suivante le sanglier est là !!!
BLAM, le sanglier s’écroule en me dépassant (je me suis jeté de côté en tirant), j’ai tiré à encore royalement 30cm maxi. Et heureusement que je l’ai eu : la douille ne s’est pas éjectée, raison pour laquelle je n’aime pas les automatiques ailleurs qu’au poste.
Reste la partie de plaisir, il est 14h20 : découper tout ce que l’on peut remonter et laisser la carcasse. Lorsque nous mettons le pied à la route le soleil est couché, plus de 3h de grimpée chargés comme des mules.
Je ne saurai jamais combien pesait ce sanglier mais p… il était beau !!!
Tuer un sanglier au ferme dans ces conditions c’est pour moi le plus grand des plaisirs et la plus grande des récompenses pour le chien : pendant un moment on a partagé ce que seuls autrement les chiens connaissent, l’excitation du danger (elle a déjà été au véto et moi à l’hôpital), peut être pour la dernière fois, et la joie d’avoir gagné. Tirer un sanglier dans un buisson clair ou même le daguer tenu par 10 chiens ne se compare pas.
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